Arrivée des deux compères

Nombre de messages : 18 Date d'inscription : 25/01/2008

Ronchonnements, râleries et rebuffades avaient ponctué le chemin menant de Ventadour au domaine de Ségur.
C'est juché chacun sur un baudet que les deux intendants avaient parcouru les lieues séparant ces deux...lieux, ponctuant leurs cheminement de pauses gastronomiques, et, làs! vinicoles...

Nom d'un bossu. J't'avais pourtant dit d'prendre une bouteille de plus, hein. Faut pas croire. Fait froid, ça pleut un peu, mais fait quand même soif, tudieu!

Ca, c'est Gontrand, l'intendant d'Enguerrand- de-Lazare-Seigneur-de-saint-julien-le-pelerin-qu'à-pas-pu-venir-parce-que...enfin, suffit de lire la signature, vous aurez toute l'histoire en direct, et on gagnera du temps.

Donc, Gontrand avait été cordialement invité par la Comtesse de Ségur. Invité. Disons qu'en l'absence de son maitre, il avait aisément pu subtiliser le Carton d'invitation, sacro saint petit bout de parchemin, pièce parmis les plus recherchée ces derniers jours dans les rues de Limoges, s'échangeant à la boutique du vieille Hibaie contre jusqu'à deux caisses de prunes.
Et Aristote en soit témoin, Gontrand avait tenu bon.
Il est certain que les possiblités en matière d'alcool et de victuailles offertes pour cette cérémonie compensaient largement les deux caisses du vieux.
Ce qui, il faut bien l'avouer, avait un tant soit peu influencé Gontrand dans son choix.

C'est ainsi que le Compère Baudeissait son baudet, tout affrété qu'il était.
On lui avait dit: "Gontrand, yaura d'la haute, alors fais toi zy beau".
Ha pour ça, il n'avait pas lésiné sur les moyens: Poulaines dépassant d'un pied le bout de ses orteils (faisant fi des coutumes voulant qu'un roturier ne porte poulaines que d'un demi pied, mais en pareille circonstance, nul n'est tatillon à ce point), braies à rayures ocres et écarlate, pourpoint bouffant, serré à la taille et aux manches incroyablement rebondies, dans des tons similaires, et enfin chapeau agrémenté d'une incroyable plume de paon, aussi multicolore qu'abimée par les années.
Parfait exemple d'une magnifique remontée dans le temps, le Gontrand s'étant à la perfection habillé comme on le faisait il y a un quart de siècle.

Mais gardons silence, car voici qui pourrait le contrarier, voire même le rendre mal à l'aise.

A ses côtés, son Compagnon de toujours, le Compère de toutes ses errances et de toutes ses frasques, que nous allons laisser se présenter par lui même.

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 25/01/2008

Mais vas-tu avancer oui sale carne.. T'vas voir toi d'retour à Ventadour j't'fais transformer en saucisson.

Voici venir le deuxième pendant du duo d'intendants infernaux dont toutes les mères de famille de Ventadour et des environs menaçaient les marmots pas sages depuis un bon moment.

Dis donc Gontrande... Sourire en coin. Si t'avais pas aidé à la descente du trou béant d'la cave, j'en aurions encore d'la prune hein. L'Margotte l'a pas encore livré.Alors hein s't'as soif, lève le nez et ouvre la bouche.

Lui le carton l'avait pas eu besoin de le voler, la Vicomtesse avait dû se résoudre à lui dire de la représenter si besoin pour tout ce qui était officiel pendant son absence. D'ailleurs c'était forcément un moment d'absence qui avait dû survenir parce que, que MarieAlice puisse songer à se faire représenter par lui...Voilà qui soulevait des questions donc nous aurons peut-être un jour la réponse mais pas aujourd'hui.

Pourquoi l'était pas là la Vicomtesse? Ben pareil que l'autre, descendez et vous saurez.

Bref, si l'Gontrand s'était fait beau, l'Gerfault l'était pas en reste.

Poulaines dégotées on ne savait trop où, un truc si long que déjà sobre il se marchait dessus alors après avoir saluer à moult reprises la dive bouteille...

Braies couleur violette, ben oui on est intendant de la Vicomtesse dont le cri est violette ou on l'est pas.

Pourpoint noir orné d'un Gardon dict frétillant et pour finir un chapeau dont les plumes n'avaient rien à envier dans le piteux état, à celles de Gontrand.

Voici donc nos deux héros devant les grilles de Ségur, invitations au chaud pour pas que le parchemin puisse être mouillé et regards déjà un peu avinés. L'haleine n'en parlons pas. Pas une mouche ne les suivait depuis des lieues.

Bon, on y est.. Alors tu t'rappelles comment qu'faut causer hein.

Nombre de messages : 18 Date d'inscription : 25/01/2008

Comment qu'faut causer. Comment qu'faut causer. Non mais jte jure. comme si il savait pas causer le Gontrand.
Haussement d'épaules accompagné d'un lever d'yeux au ciel parfait, histoire de bien se faire comprendre de son compagnon.

Bon, ça allait et venait plutôt pas mal dans le coin. Fallait maintenant qu'on s'intéresse à eux.
Ils n'avaient pas de blason, pas de beau carrosse, et surtout, pas vraiment la prestance des autres invités.

Bon. A la guerre comme à la guerre, comme ils disaient.
Deux doigts dans la bouche, une grand inspiration et un sifflement strident retentit soudain, sous le regard courroucé de Gerfault.

Ben quoi? tu m'as dit d'bien causer, pas d'pas siffler...N'empêche, maint'nant y nous r'gardent, d'abord!

Hum...Bien le bonjour à vous. Nous sommes présentement et par notre présence présente les intendants de la Vicomtesse Marie Alice et du Seigneur Enguerrand de Lazare qui n'ont malheureusement pu honorer de leur présence cette fort sympathique invitation. Aussi, avons nous été mandatés pour venir ici même les représenter en guise de représentants de leur absence, en quelque sorte, et par là même.

Petit regard en coin vers son accolyte, signifiant "ha t'vois que j'peux bien causer moi aussi, hé!"

Comme le chemin pour venir ici fut long et tout ça, et ne voulant point abuser de votre hospitalité si hospitalière, nous accepterions de bonne grâce et avec plaisir comme qui dirait de loger ou bon vous semblera, par exemple non loin de vos cuisines. Ou de votre cave. Ou du logis des servantes. Enfin, ou vous voulez. Parmi ces trois choix, si possible, enfin sans vouloir risquer d'abuser de votre bonne hospitalité si...heu....hospitalière.

Tout ceci fut dit d'une traite, presque sans reprendre souffle, comme si le pauvre Gontrand avait passé ces derniers jours à tenter d'élaborer une annonce correcte, se répétant inlassablement toutes les tournures de phrases qu'il avait si soigneusement choisies et agencées.
A sa façon.
Toute particulière.

Hop, un petit sourire en guise de ponctuation finale.

Intendante de Ségur Nombre de messages : 29 Date d'inscription : 16/01/2007

Mais qu'est ce que...

Blanche, les bras chargé d'un plateau de liqueur se rendait au salon d'opale quand elle vit arriver étrange troupe... Drole de vêture... la mode angloise peut être ? Pis alors... bonjour les relans d'aisselles aussi...

La Comtesse aurait embauché des extra ?Inviter des malheureux ? Ben non ils ont leur carton... Les fiche dehors serait malvenu... Faudra les garder à l'oeil ces deux là...

Messieurs... Je suis l'intendante de ce castel et ... euh.. acceuillir vous... selon les désirs de vos maitres... Un petit passage aux écuries pour vous débarbouiller peut être ?

Le sourcil relevé, la Blanche scrute les deux compéres, s'efforcant de sourrire tout en se demandant quoi faire...

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 25/01/2008

Causer pas sûr mais siffler foutredieu oui. Regard noir de Gerfault, oreilles qui résonnaient encore.

Ah ben ça. J'pensais pas avoir besoin d't'le dire....

Lever d'yeux au ciel tout comme Gontrand pour bien lui montrer que lui aussi savait faire.

Mais le pire était encore à venir. Voilà son compère partit dans un monologue répétitif et soporifique à souhait. Entre le sifflement et le discours, pour être repérés, ils étaient repérés.

Avant qu'il ait pu répliquer, une jeune femme avec un plateau de liqueurs fit son apparition. Et quelle divine apparition que celle-ci. Une déesse portant boissons. Le paradis sur terre. Ca y était, Gerfault était amoureux. Bon ça lui arrivait en général 3 fois par semaine mais n'allons pas écraser dans l'oeuf un sentiment si noble, si pur, si..... Hein. Fin, n'allons pas quoi.

Bonjour damoiselle. Je me nomme Gerfault, sourire charmeur, oeil de velours, chapeau vite ôté, et voici Gontrand.

Nos maîtres nous ont chargé de présenter leurs hommages et félicitations à la Comtesse de Ségur.

Vous seriez fort aimable de nous indiquer les écuries oui afin que nous y laissions nos montures. Vous nous voyez fort désolés d'arriver en pareil équipage mais nous avons rencontré quelques ennuis sur la route.

Coup d'oeil à son compère pour lui signifier de ne pas éventer l'astuce.

Nous vous suivons belle nymphe.

Nombre de messages : 18 Date d'inscription : 25/01/2008

Penaud, le Gontrand, c'est le moins qu'on puisse dire.
Visiblement, la jeune femme s'était retrouvée fort surprise de son intervention.
En prime, comme un malheur n'arrive jamais seul, voilà maintenant que Gerfault passait à l'attaque, laissent son compère littéralement sur le carreau.

Trop lent. Trop éparpillé. Trop...Gontrand.
En somme, ce n'était pas la première fois qu'il se faisait coiffer ainsi. Plus qu'à espérer que d'autres accortes jeunes femmes soient présentes ce soir.
Et pas trop sensibles.
Et pas trop exigeantes sur la marchandise.
Et pas trop accompagnées aussi.

Bon. Espérons que le vin soit bon, ça au moins c'était une valeur sure.

Nous vous suivons belle nymphe.

Ho bon sang, le voilà qui avait sorti le grand jeu. Ca promettait ce mariage, ça promettait.
Trainant des pieds -pas simple avec des poulaines de la sorte-, voilà Gontrand qui se met à suivre les deux autres, tenant par la main son baudet, ronchonnant allègrement sur la vie qu'était pas juste et tout ça.

Intendante de Ségur Nombre de messages : 29 Date d'inscription : 16/01/2007

Oulà... voilà l'emplumé qui s'ébroue... Vite... Se rotéger...

Blanche recule d'un pas, colle un sourrire timide à ses lévres

Beau seigneur... je vais vous montrer les écuries de suite ! Et espérer que vous me poussiez pas dans le foin... En suite vous pourrez rejoindre Limoges et... je vous attendrai en frémissant pour vous servir quelques liqueurs des caves de la Comtesse !

Actrice consommée, la Blanche sent qu'il va falloir surveiller ces deux là comme le lait sur le feu... Autant se les mettre dans la poche... Puis... il est pas mal l'emplumé.. un peu trop fanfaron peut être mais sans doute bien batti... affaire à suivre...

Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 25/01/2008

Et voilà qu'elle souriait. Vala.. Il était amoureux. Eperdument, totatelement amoureux.

Cela ne va faire qu'hâter mon retour oh merveille descendue des cieux. Et sachez que la plus capiteuse des liqueurs n'est rien comparée à votre parfum.

Rapide coup d'oeil à son compère qui suivait d'un air dépité comme pour lui dire voilà comment faut causer mon gars.

Direction les écuries, les yeux sur le déhanchement de Blanche, un sourire aux lèvres. Merveilleux ce mariage.