Arrivée (originalement...)

Les murailles de Ségur se profilaient à l'horizon, plus promptement atteintes qu'elle ne l'avait songé. En réalité, ils n'avaient pas mené grand train, et c'était plutôt elle qui n'avait pas vu le temps passer. La chevauchée avait été agréable depuis la Guyenne, à travers ces pechs et combes baignés de soleil printannier. La campagne limousine était belle, et ce trajet avait grandement apaisé l'âme tourmentée de la veuve. Sous les yeux ébahis de son escorte qu'elle avait abandonné au bourg le plus proche, elle les avait planté sur la place avec un sourire éclatant avant de faire volter sa monture et de la lancer au galop comme une jeunesse.

Et c'est les pommettes rougies par le vent de la course qu'elle mit pied à terre devant l'entrée de Ségur en s'annonçant d'une voix claire.

Ohlà du castel! Veuillez annoncer à sa grandeur Nebisa que la duchesse Izarra souhaite la voir.

L'intendant-régisseur-souffre douleur de la Comtesse s'avance pour acceuillir la cavaliére et la salue courtoisement. C'est que la patronne fait toujours donner des leçons de maintien a son personnel pour ne pas "être couverte de honte par la faute d'une indélicatesse" comme elle dit.

L'homme cache donc son étonnement... une duchesse qui voyage seule et a dos de jument ? Qu'est ce donc encore que celà ? En même temps avec la patronne il pensait avoir tout vu et finalement non !

Vostre Grasce, soyez la bienvenue sur les terres de Ségur. La Comtesse est en ses caves, je vais l'envoyer chercher sur le champ.

Dûment prévenue, la Comtesse quitte ses caves et rejoint la cour d'entrée, aprés avoir oté quelques toiles d'araignées de ses cheveux et avoir sélectionné les bouteilles en partance pour Limoges...

Maudissant son imprévoyance, elle se hate pour aller acceuillir son hote, se disant qu'elle aurait pu faire en sorte de se vétir un peu plus élégement, de se coiffer au moins, bref de tacher de ne pas avoir l'air d'une paysanne. Objectivement, il faut convenir qu'une paysanne vétue d'étoffes soyeuses brodées de dentelles et parée de pierreries, bien que modeste, ça court pas les champs, mais la Malemort à tendance à légèrement dramatiser ...

Enfin parvenue à destination, elle sourrit et s'avance


Izarra ! Bienvenue à Ségur ! J'espére ne pas avoir été trop longue !

Vostre Grasce, soyez la bienvenue sur les terres de Ségur. La Comtesse est en ses caves, je vais l'envoyer chercher sur le champ.

La duchesse hocha la tête en signe d'assentiment, songeuse. En ses caves? Décidément, Nebisa semblait avoir de fort saines occupations. D'ailleurs en parlant de caves... Il lui faudrait s'enquérir des spécialités locales afin de regarnir un peu celles de Lesparre...

Un bruissement d'étoffes tira Izarra de ses pensées: la dame des lieux s'approchait. La brune visiteuse réprima un sourire: la vesture de la comtesse était de coupe simple, répondant sans le savoir à la rudesse de sa propre mise. Mais un coup d'oeil averti à la préciosité des tissus et des affiquets, et à coup sûr les deux femmes avaient en la matière oeil de félin, prouvait que les rangs et la coquetterie n'étaient point tout à fait oubliés...

Nebisa, c'est un plaisir de te revoir! N'aie crainte, l'attente ne fut point longue et j'ai pu à loisir admirer ta demeure, et te remercie d'ailleurs de m'y inviter. Comment te portes-tu? Ton mandat en limousin s'est -il bien achevé?

Attends de voir l'intérieur, je viens de recevoir de magnifiques tapisseries flamandes pour le salon, une pure merveille ! De quoi en perdre la vue... C'est d'ailleurs ce qui risque de m'arriver quand mon époux verra la note des tisserands mais bon...

Haussement d'épaules désinvoltes, d'ici les tapisseries seront en place et il n'y aura pas le choix non ? Et puis la décoration ça revient à la femme donc il est normal que l'homme n'y entende pas grand chose...

Tandis qu'elle indique à son hote de la suivre à l'intérieur, la comtesse reprend...

Je me porte merveilleusement merci. Aprés un mandat comtal, il est toujours bon de pouvoir se reposer et redécouvrir ce que dormir une nuit entiére veut dire ! Et toi alors ? Comment vas tu ? Ta famille se porte bien ?