Ségur le Château
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 E se fosse oggi quest'ultima ?

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nebisa
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nebisa


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Date d'inscription : 19/11/2006

E se fosse oggi quest'ultima ? Empty
MessageSujet: E se fosse oggi quest'ultima ?   E se fosse oggi quest'ultima ? Icon_minitimeLun 8 Déc - 9:51

Le crépitement des flammes léchant le bois sec, les craquements de ce dernier lorsqu'il se fend, se rend, céde et meurt, la chaleur de cette cheminée pourtant ravitailler en bois réguliérement...

Malgré tout, elle grelote, elle tremble et claque des dents, son front recouvert d'une fine pellicule de sueur, ses yeux hagards ornés de larges cernes violettes et ce sang... partout ce sang poisseux, si rouge, dont l'odeur pénétre si fortement la piéce qu'elle se demande si elle respirera jamais sans plus en sentir une trace même infime... Et cette douleur qui n'en finit pas, comme si son ventre se déchirait encore et encore... comme si ses souffrances n'étaient pas finies... Pourtant, comment pourrait-elle souffrir encore d'avantage et plus longtemps ?

Prés d'elle, gesticulant faiblement, cet enfant qu'elle a reçu en elle, qu'elle a hébergé sans pouvoir ressentir jamais la moindre once d'affection, de joie ou d'excitation fébrile... L'enfant est là, pourquoi avoir toujours mal ? Son esprit affaibli lutte encore quand bien même son corps a déjà renoncé depuis plusieurs heures. Il analyse, il réfléchit... Il sait... Et retrace le cours de ces derniéres heureus...

Cette chevauchée pour rejoindre Niort, s'enquérrir de la santé du Roy et de la Princesse, soigner le premier avant de se retirer à la nuit tombée... Ultime défi ayant déclenché dans la nuit qui suivie de nouvelles contractions. Sauf que ces derniéres n'avaient pas daigné cesser, s'intensifiant, au contraire, avec les heures, jusqu'a ce que les halétements cédent la place aux gémissements, puis aux cris et finalement au silence quand, à l'aube, la poche des eaux se rompie enfin, libérant son liquide sanguinolent dans la couche ...

Peut être aurait-elle du appeler à ce moment là . Peut être. Surement... Tout aurait été différent. Mais... Appeler à l'aide ? Qui ? Elle avait donné congés à ses gens pour les laisser aller la messe, ou sa fille et la quasi totalité du cortége se rendait aussi, pour supplier un Dieu indiférent d'accorder une insigne attention à leurs petites vies négligeables... Ce Dieu là était trop occupée pour les petites gens, pour les hommes en général... Elle aurait tant voulu retrouver, en cet instant, sa foi et son assurance passée, de prêtresse, de guérisseuse... Être celle qui guide et qui rassure lors des délivrances, plutot que de subir, avec angoisse ou résignation, dans la solitude et l'assurance de son propre sort funeste tout prés à se dessiner entre les issues possibles ...

Puis ce fut l'inondation, la grande marée, la crue... les eaux libérées... Signe pourtant d'une issue arrivant ... les contractions avaient repris dans un feulement animal de la parturiente, arquée dans la douleur. Elle avait beau le savoir, se retenir de pousser lui fut si difficile... Aveuglément, elle ne voulait qu'une chose, que cela cesse, expulser ce parasyte phagocytant son corps et ruinant sa vie, cette chose ignoble qui lui causait tant de souffrance, ce poid innocent qu'elle allait devoir protéger, soigner et aimer pour qu'une fois assez agé, il s'en aille avec des mots de haine à la bouche... Comme tous...

Entre temps, son ventre, devenu plus dur que la pierre, se tordi brutalement, une contraction plus violente encore que les précédentes... Celà ne finirait donc jamais ? Les fois précédentes, la présence rassurante d'un tiers à qui s'en remettre avait rendu l'attente moins dure, et l'assistance de quelque médicamentation également bien sur... Mais là... point de Dolomite pour prendre les choses en mains, pas d'Ann non plus... Ou était-elle d'ailleurs ? Pas de nouvelles depuis... depuis... avant la guerre... Et cela ne lui ressemblait pas... Ou es tu, bordel, Ann ? Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette absence ? Tu es sensée être là quand j'accouche, pour pester et faire ce qui doit être fait ...Mais tu n'es pas là... serais tu morte toi aussi ? Ce dernier vestige du passé, nostre vieille amitié, ainsi ruinée par la mort, sans même m'en avoir informée ?

Les minutes avaient passées, les contractions s'égrénant alors que la souffrance s'intensifiait, c'est à ce moment que les mots "misérable charogne putride tu vas sortir de là ou je vais devoir aller te chercher ?" se firent entendre", jusqu'à devenir étrangement supportables, vaguement lancinantes, presque douces, les suppliques et les sanglots faisant place aux menaces et aux insultes... atrocement périlleuse étape car en suite... en suite...

Mais alors que la douleur de la contraction s'éloigne, pour mieux revenir, elle le sait bien, la Comtesse écartelée, immolée dans la douleur et l'attente de la fin, retombe, haletante sur le matelas poisseux ... Renoncer parait si raisonnable, dormir, fermer les yeux... Laisser derriére elle ces devoirs, ces choix, ces combats et ces trahisons... Le choix se dessine dans son esprit alors même que ses lévres exhale un dernier soupir, et alors qu'elle s'abandonne, gisant dans ce qui sera son linceul de sang, de sueur et liquide phoetal, un dernier spasme tord son ventre, libérant enfin le nouveau né, expulsé finalement aprés plus d'une nuit de travail...

Il lui faut plus d'une minute, et les cris perçants du nouveau né pour s'en persuader... Une minute encore pour se résoudre à tenter de se redresser pour récupérer la chose frippée et brallainte qui repose entre ses cuisses, rompre d'un coup de dents le cordon que les relie et le poser prés d'elle pour pouvoir s'allonger à nouveau... le tout sans avoir offert un regard à cet enfant qui est le sien, sans avoir regarder avec curiosité, avec tendresse, avec émotion son visage, son sexe, sans chercher un air de ressemblance...

Retour au présent... le regard fixé sur le plafond, s'attendant à le voir s'ouvrir en deux pour que le ciel vienne la dévorer, elle attend ... encore et encore... grelotant de froid, transpirant intensément, la douleur toujours présente... il faut encore patienter quelques temps pour que son ventre libére le nid de l'enfant, cet amas grouillant et visqueux, cette matrice si fertile que l'on en tire les potions aux plus fortes vertus astringentes et fertiles...

Un léger sourrire aux lévres, une moue, une grimace peut être ? Elle se souvient d'une des leçons qu'elle avait reçue chez les Nebbie... si la femme ne rend pas l'entiereté de la matrice, elle commet un sacrilége, voulant voler le secret de la Vie et se l'approprier, alors, la Déesse Mére se venge en empoisonnant le sang de la femme qui meurt au bout de quelques jours, comme brulée de l'intérieur par la colére de la Déesse... C'est pour cette raison que les paiens jetent aux flammes ou abandonnent aux loups ces reliques de chairs aprés les accouchements, pour que la Déesse sache que la mére humaine l'honnore et lui rend grasce ...

Bien sur aujourd'hui Neb est loin des Nebbie mais ... pour avoir déjà connu et pratiqué bien des accouchements, elle sait que le mythe se vérifie, au moins pour l'issue fatale, et elle sait également que d'ici quelques heures, si l'expulsion n'a pas lieux naturellement... le choix se présentera à nouveau...
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