Nouvelle ballade

La comtesse tenait toujours ses promesses... voilà enfin cette promenade amicale dans les jardins ou chacun pourrait discuter de choses et d'autres. Elle lui demandait de lui donner des nouvelles de lui... Mais que dire de beau? Il laissa donc la Dame débuter la conversation.

D'humeur enjouée, elles disserte sur les allées, les nouvelles plantations, la nouvelle fontaine installée le mois prédécent et sur les prochains travaux q'elle envisage sur ses terres...

L'instan est heureux, détaché de toutes contraintes mondaines, elle se sent libre de tomber le masque, de sourrire sans arriére pensée, de profiter de ce moment en toute confiance

Dis moi, comment trouves tu mon domaine ? C'est maintenant la troisiéme fois que tu viens, je crois, tu dois pouvoir me dire ce que tu penses de la différence entre l'Orléanais et le Limousin de ce point de vue.

Banalités... que cela fait du bien de parler de choses, et d'autres en toute liberté... sans avoir a paraitre ou a garder un recul nécessaire bien des fois...

La fontaine, les futurs travaux d'embellissements... et une demande de comparaison...

Ma nébisa, ton domaine... qu'en dire? Tu sais, cela est bien aménagé, beau a regarder... accueillant, confortable. Mais des terres, restent des terres, et une batisse, aussi solide et belle soit elle, une maison.

Chaque région a ses charmes...

Regard vers la Comtesse

Mais dis moi... comment vas tu toi?

Avec un soupir qui résume tout à la fois sa lassitude, son découragement et l'ampleur abyssale de ses blessures, elle pose sa tête contre l'épaule de son vassal-suzerain, s'abandonnant contre lui en murmurant...

Je vais comme il faut que j'aille, sans avoir le choix et sans y penser de trop prés pour pouvoir continuer à faire semblant...

Avec une légère ironie, elle ajoute doucemment.

Seule la derniére tue, je n'en suis qu'aux blessures... Hélas.

Resserrant l'étreinte.

Ne t'en fais pas, je suis la, et je tiendrai ma parole... Oublions le reste, profitons de cette ballade avant que tu n'ailles te reposer.

Ha, le temps, toujours aussi cruel... si long et si court...

Me reposer ? Je me reposerai dans mon cerceuil, en attendant, j'ai bien trop de choses à faire !

Esquissant l'ombre d'un sourrire, elle serre son bras sous le sien, suivant l'allée du parc en profitant de la caresse du soleil sur son visage.

Et toi, comment te portes tu ?

Avec un petit sourrire espiégle, elle secoue la tête, faisant voleter autour de son visage les pierres scintillantes piquées dans ses cheveux.

Vide ? Quel vide ? Je suis là moi et j'aime t'écouter, te plaindre ou chanter, c'est pareil, cela compte... Et puis, tu n'as pas de raison de te plaindre, ton existence est une réussite, ta carriére et ton nom te vallent le respect de tous, tu as des amis, une famille....

Tournant sa tête dans sa direction, elle ajoute.

Ta promesse ?

Une carrière? est ce cela le but d'une vie? je ne cache pas que je suis fier de mon parcours tu sais, souvent j'ai été la au bon moment, le hasard a fait que aussi... des amis, j'en ai, de réels... quelques uns. une famille... Le nom de valrose est répandu oui, mais...

Long silence... avant de reprendre sur un ton quelque peu plus enjoué


Fait mine de ne pas te souvenir... Je t'ai dit que je te veillerais pendant ton sommeil, empêchant quiconque de te déranger tant que tu n'auras pas repris des forces. Mais pour le moment profitons de tes jardins...

Avec un doux sourrire teinté d'amertume elle hoche la tête lentement.

Tu as raison, qui voudrait d'une vie toute dédiée au labeur, ou les quelques honneurs ne cachent que les torents de boue qui vous inonde... C'est bien peu de chose au rebour d'une existence épanouie entourée de gens qui vous chérisse...

Tachant de chasser ses sombres idées et d'afficher un sourrire plus conforme à la douceur de l'instant...

Je serais ravie de te laisser veiller dans mes apartements, mais je doute de dormir alors...

Nulle réponse de la part du Duc, il était étrange de voir, à chaque rencontre, comment sa suzerainovassale et lui s'entendaient, sans pour autant avoir à parler parfois. Si seulement... Mais cela était une autre histoire, et ce n'était pas cela qui allait gâcher ce moment, si rare... mais après tout la rareté n'aidait elle pas à cette relation?

Trop de questions...

Quelques pas, quelques bosquets, arrangements florales... une envie... un frein...

Ma nebisa...

Ne voir la aucune marque de possession, bien au contraire, juste le respect sans faille, accompagné d'autres sentiments de la même acabit.

Je saurai te faire trouver le sommeil. Mais dis moi... comment va ta famille?

Sans deviner les affres qui affectent son comparse en cet instant, elle soupire à nouveau à sa question ... sa famille...

Mes enfants vont aussi bien que possible, je pense... Tu sais que je suis en mission en Champage depuis plus de six mois, je ne sais pas quand je pourrais rentrer en Limousin et ils en souffrent, moins les plus jeunes d'ailleurs que mes ainés, je sais qu'Elisa et Arnaut ont besoin de moi et je sais que je ne suis pas assez présente... Aliénaure s'est installée en Auvergne et Hannibal, mon fils adoptif, me renie alors qu'il était encore un enfant emmaillotté quand je le receuilli et que je l'aime comme s'il était de mon sang...

Nouveau soupir dissimulant une blessure qui peine à cicatriser...

Nous nous remettons à peine de la mort de Barahir, parfois la peine disparait une journée durant et j'oublie qu'il ne reviendra plus, qu'il n'existe plus que dans nos coeurs... Oublier, c'est effroyable, c'est comme le perdre à nouveau...

La vie est injuste et moi trop égoïste, je devrais suremment me retirer en mes terres, maintenant que j'ai de quoi vivre jusqu'à la fin de mes jours sans craindre la misére pourtant... j'aime mes responsabilités et le jour viendra bien assez tôt ou j'en serais chassée alors je ne prend pas cette option là malgré mes remords de mére...

Et voilà la gaité de la conversation... les remords d'une mère, d'une femme se réfugiant dans le travail? Pourquoi? trouver de la reconnaissance? Fuir ou oublier? Cela elle lui en parlera surement bien assez tôt, après tout il était la pour cela, non par le lien de vassalité, mais par l'amitié qu'il lui portait.

tu sais ma nebisa, les remords... ne dit on pas mieux vaut avoir des remords plutôt que des regrets? je ne sais si ce dicton est fait pour apaiser la conscience ou si c'est la vérité.

Je suis sur que, a ta façon... tu sais être présente pour tes enfants. il n'y a pas de bonne façon...

Silence...

Mais, comme je te l'ai souvent dit, tu as fait tes choix, bon ou mauvais, ils sont fait... Tu peux cependant toujours essayer de corriger cela...