Omnes Vulnerant, Ultima Necat |
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| Poussez, Ma Dame, poussez... | |
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nebisa Comtesse
Nombre de messages : 1429 Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Poussez, Ma Dame, poussez... Lun 3 Jan - 20:58 | |
| Depuis la veille, les douleurs l'avaient prises, légères et pointues au début, de plus en plus régulières et fortes au fur et à mesure que le temps passait... à l'aube, elle avait fait venir la sage femme et demandé à sa suivante de l'aider à retirer sa chemise et de préparer du linge, de l'eau chauffée et le nécessaire habituel...
Mais, à présent, il devenait urgent que l'enfant daigne sortir, car mine de rien, la Malemort en avait assez de se tordre en hurlant sans que le petit champenois ne montre le bout de son nez... ignorant qu'à l'instant même son promis franchissait les frontières pour la rejoindre, elle le maudissait, d'être responsable de la présente situation, d'être loin, d'être indifférent alors qu'elle subissait les pires tortures et risquait ses jours pour lui donner un héritier qui ne l'intéressait même pas ...
Allez, Comtesse, encore un effort... Courage !
Couvrant la ventrière d'un regard las, la Malemort se retient de lui dire qu'elle a déjà mis au monde maints enfants et qu'elle sent bien que celui là n'est pas pressé, que le travail va continuer et qu'elle s'épuise à vouloir pousser, mais ce serait inutile et ne servirait qu'à l'inquiéter, aussi prend elle son mal en patience ...
Alors qu'un léger râle lui échappe, elle soulève son bassin en retenant son souffle, n'en pouvant plus de sentir ses entrailles se déchirer sans que le mini Malemort attendu ne sorte enfin...
Bon sang... mais allez me chercher des pinces... je n'en peux plus... Je vous jure que le premier qui me dit qu'il n'est pas de Cerberos, je lui fais bouffer le cordon... Quand est ce que cet enfant va daigner obéir ? Tu m'entends, toi là dedans ? Allez, dehors ! Finit l'hébergement gratuit ! Ouste ! On avance vers la lumière !
Les donzelles présentes échangent un regard déconcerté sans interrompre leur travail, qui éponge le front de la Comtesse, qui entretient le feu dans la cheminée, qui apporte des serviettes... et, au bout d'une paire d'heures, finalement, la ventrière finit par donner le signal... la perte des eaux ayant finit par déclencher le système, elle se penche entre les cuisses de la Malemort qui halète sourdement et donne un petit coup de comtal pour libérer le passage, provoquant un cri perçant chez la parturiente et en ressort un être gluant qui hurle de colère qu'elle emporte pour le bassiner, s'assurer que tous ses membres sont là, qu'il a bien deux yeux et tout ça ...
Alors qu'elle revient le poser sur le ventre maternel, dont on a baigné le corps et fait disparaitre le plus gros des tâches de sang, la ventrière sourit et compliment la Malemort sur le "beau ptiot" qu'elle a fait.
Cette dernière hoche la tête avec difficulté, observant la chevelure noire, le petit nez retroussé et le regard... buté et en colère du nouveau né...
Tout son père ... | |
| | | Cerberos
Nombre de messages : 24 Date d'inscription : 12/12/2010
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Jeu 27 Jan - 20:58 | |
| Alors que les deux hommes s'affrontaient en une aimable joute verbale, une longue file de servantes... À n'en point douter, le déplacement était fait pour rejoindre la Maitresse de Maison qui, dans un instant aussi important que la mise au monde, devait avoir besoin de confort et de gens à son service afin de lui apporter les services nécessaires après l'acte. Sans ne plus attendre, le Vicomte devenu blanc comme linge à l'annonce de la nouvelle - l'accouchement étant la dernière étape avant d'avoir dans les bras le nouveau-né, évènement plutôt redouté de celui-ci, il fallait comprendre que son sens très réduit malgré des efforts vains pour accepter l'éventualité d'une famille ou de membres plus ou moins proche de son "humble" personne se révélait une véritable épreuve ! Se dirigeant alors en suivant, les femmes de chambre, il lança une phrase négligée en disparaissant sans se préoccuper de qui était sur son passage.
Vous êtes jeune et plein d'entrain, mais l'orgueil et les pulsions vous perdront si vous n'y faites gare.. Pensez donc à votre vie s'il venait à arriver malheur à l'enfant.. Mais patientez donc, j'imagine que la vue de votre mère à la sortie d'un effort aussi exigeant que celui-ci doit vous procurer quelques convulsions..
L'ironie placée, les escaliers furent gravit en un temps record, sans toutefois perdre son air respectable et contenu afin de ne perdre la face devant quiconque. Sous les protestations d'une servante, la sage-femme peut-être, il l'envoya paître et pénétra dans la chambre sans attendre. Alors sous ses yeux, il pu découvrir son fils ou sa fille, selon la volonté du Très-Haut, dans les bras de sa Promise. Involontairement, sous la pulsion, il déglutit difficilement et sans bruit, serrant la mâchoire pour se rendre compte d'une réalité plus ou moins gênante..
La famille d'Armantia venait de s'agrandir, ou plutôt celle des Malemort, les liens du mariage n'étant pas prononcé... Et sa progéniture, bâtarde pour le moment, était venue au monde. Il faudrait en prendre soin.. Et Aristote savait quel pouvait être son ressentiment à l'égard des relations sociales autres que celles d'une femme aux cotés de son mari.. Enfin.. Connaissant sa Fiancée, il ne doutait pas un instant que le choix ne serait gère à son appréciation : plier ou souffrir !
Avé Nebisa..
Petit sourire esquissé en coin, il s'approcha, lâchant négligemment la porte afin de s'approcher plus encore du lit où était étendue la belle et irrésistible Malemort mère.. | |
| | | nebisa Comtesse
Nombre de messages : 1429 Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Ven 28 Jan - 9:37 | |
| Elle commençait à se remettre après les trois heures d'écartèlement nécessaire pour mettre au monde le tout mini Malemort nouvellement venu au jour, quand la porte s'ouvrit, la tirant de la contemplation du visage magnifique de son nouveau fils... pour révéler la présence du père de ce dernier...
Et ses femmes qui n'avaient pas eut le temps de la rafraichir, de mettre de l'ordre dans ses cheveux, d'ôter les linges tachés de sang... elle devait offrir une image affreuse et apocalyptique en cet instant ! Et puis qu'est ce qu'il faisait là ? D'où arrivait-il ? Pourquoi personne ne l'avait prévenu ? Malgré tout, elle se sent soulagée et heureuse de le voir, de savoir que la distance et le silence de ces dernières semaines se trouvent oubliées, pour un temps, par son arrivée surprise... il serait temps, plus tard, de s'en plaindre, bien entendu, mais pour l'heure... se réjouir seul importe.
Cerberos ? Mais... vous ici ?
Elle n'arrivait pas tout à fait croire qu'elle ne rêvait pas et qu'il fusse bien ici... si loin de sa Champagne, arrivé juste au moment ou son fils venait au monde... Tiens en parlant de ça... le fils de son père se mit alors à pleurer comme le font les nouveaux nés, de petits cris gutturaux, comme des miaulements, insistant et percutant... il devait avoir faim déjà...
Vous ne pouviez choisir meilleur instant ... même si je crains de ne pas pouvoir vous faire les honneurs du domaine avant quelques jours... ainsi que vous le constatez, je fus bien occupée ce matin.
Avec un doux sourire sur son visage pales aux traits tirés, elle lui fait signe d'avancer.
Approcher... j'ai quelqu'un à vous présenter, je crois.
Se faisant, pour faire taire l'enfançon aux cris insistant, elle défait le devant de sa chemise pour le mettre au sein. Une fois repu, la petite chose rose s'endormira pour quelques heures, selon un rythme que la Malemort connaissait bien... Faisant signe à sa femme de chambre d'emporter le placenta expulsé de frais, elle espère qu'elle se souviendra de ne le pas détruire, sachant que ces matrices là ont des facultés de choix pour les potions et onguents ... elle tient à la conserver pour ses préparations. | |
| | | Cerberos
Nombre de messages : 24 Date d'inscription : 12/12/2010
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Ven 28 Jan - 21:54 | |
| L'ironie eut été volontaire, peut-être en aurait-il rit. "Meilleur instant", disait-elle ? Hum… Si l'on en croyait l'homme ainsi debout devant la mère de son enfant, l'on aurait sans doute hésité sur les impressions ressenties sur le moment. Il lui fallait du temps, oui, beaucoup de temps pour assimiler le fait, aussi indéniable était-il dorénavant. Il avait désormais un enfant, héritier pour le mâle, simple descendante pour la femelle. Et l'interrogation subsistait - car s'il avait compris sans difficultés que sa progéniture était venue au monde, la nature du sexe de l'enfançon restait encore inconnu.
D'un pas, le Noble s'avança vers sa Promise, doucement, méfiant. Non point que l'envie de renier le sang qui coulait dans ses veines était le sien, plutôt pour accepter que sa vie serait bouleversée au moment même où celui-ci serait déposé dans ses bras. Faudrait-il le chérir, l'aimer et l'éduquer ? Le dernier point serait le plus aisé et sans même y penser, l'on pouvait aisément imaginer ce que serait les premières années de son existence : vouées à atteindre la perfection dans ses manières, ses connaissances et ses facultés. Après tout, son père avait sortit le nom de sa famille de la misère en surpassant ses cousins, oncles, tantes et caetara. Une vie entièrement dédiée à surpasser ses "proches" qu'il considérait comme des moins que rien… Bien que la majorité était à ce jour déclarée disparut, assassinée et bien d'autres scénarios dont la seule pensée parvenait à satisfaire le malfaisant Vicomte.
J'ai cru bon de.. Me rendre.. Sur vos.. Terres..
Et bien, si à l'annonce de la grossesse, le d'Armantia avait été réticent à l'idée de boire une coupe de mirabelle, il aurait probablement vidé la bouteille séance tenante ! Quelle situation…
Mais.. Je ne m'attendais pas à..
"cela" ? "devoir reconnaître le fruit de notre passion aussi tôt" ? "subir cela" ? "vous découvrir en pareil état" ? En fait, toutes les interrogations étaient valables et force était de constater qu'à mesure de l'arrivée de celles-ci, son regard se déposait sur le corps de la Marquise. Et l'inconvenance étalée en l'instant l'agaçait finalement, assez pour voir la tentation poindre à ses lèvres d'incendier les servantes présentes dans la chambre. Seulement… N'étant ni invité, ni maitre de maison, la réaction aurait été aussi mal venue. Alors et sans attendre, un regard noir trahissant les émeraudes fichées dans ses prunelles fut accordé à titre gracieux à l'une d'elle, aussitôt gratifié d'un..
Il serait sans doute mal venu de laisser Maintenon dans pareil état, hâtez-vous donc de lui apporter de quoi se revigorer..
Laissant la jeune femme sur place, se souciant peu de son expression faciale, il se retourna enfin vers sa Fiancée, venant déposer un baiser sur son front.
Reposez-vous, ma Dame.. Il ne presse pour l'heure, de vous fatiguer.. | |
| | | nebisa Comtesse
Nombre de messages : 1429 Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Sam 29 Jan - 10:15 | |
| Décontenancée par l'étrange attitude de son fiancé, elle le suit des yeux tandis qu'il tourne et s'agite, évitant savamment de croiser son regard ou de porter le sien sur son fils ... La plus part des hommes qu'elle avait connu, et avec qui elle avait eut des enfants, avaient toujours été galvanisé par la paternité, fiers de perpétuer la race de façon virile et incontestée... Alors pourquoi cette distance encore une fois ? Depuis qu'elle lui avait fait part de sa grossesse, il n'avait cessé de s'en désintéresser et de l'éviter... et maintenant, il ignorait totalement le fait qu'elle vienne de mettre au monde son enfant pour lui parler repos ...
Trop lasse pour s'emporter, mine de rien, ça lessive un accouchement, entre le sang, la douleur et la transpiration, pour au final se sentir déchirée de l'intérieur par un gnome gluant et bruyant qui vous ravit le cœur dés l'instant ou vous pouvez le tenir dans vos bras, elle hoche la tête en silence, faisant signe à la chambrière d'avancer.
Vous pouvez mettre mon fils dans son berceau. Faites en suite chauffer de l'eau, je veux me laver et dormir sans qu'on me dérange. Vous irez informer Monsieur Arnaut et mes filles, si elles sont présentes que je me porte bien et qu'ils ont, à présent, un frére. J'annoncerai la nouvelle à Damoiselle Blanche et Messire Foulques plus tard et en personne.
A son fiancé, avec lassitude.
Monsieur, je suis, en effet, fort lasse. Une chambre sera préparée au plus tôt pour que vous puissiez, vous même, prendre quelque repos. En attendant, considérez vous comme notre invité et n'hésitez pas à visiter les lieux. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, faites le savoir à notre intendante, elle ne manquera pas de chercher à vous complaire. | |
| | | Cerberos
Nombre de messages : 24 Date d'inscription : 12/12/2010
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Sam 29 Jan - 11:47 | |
| Sans doute eut-il quelque peu exagéré la réaction ou pas assez atténué l'effet produit sur sa Fiancée. Mais l'impression générée par son manque de réactivité fut évident, aussi visible que le nez au milieu de la figure. La fatigue se percevait et c'est sans mal qu'il devina que la Malemort ne disait rien pour ne point se perdre dans un discours qu'elle ne saurait tenir trop longtemps. Tendant l'oreille pour écouter ses propos, il ne dit mot en attendant que les gens de la maison se retirent afin de se trouver en toute tranquillité avec la mère de son enfant… Il était temps de se rattraper, comme le disait le vieil adage "ne repoussez pas à demain ce que vous pouvez faire aujourd'hui".
Une fois la chambre vide, son regard se déposa sur ses lèvres.. Puis remonta vers ses yeux afin d'en prendre possession. D'une voix douce..
Vous me complaisez déjà, ma Dame.. Le cas contraire, je ne saurai me réjouir de m'unir à vous, comprenez..
Ses bras restés à l'abri dans sa cape, l'un d'eux se risqua au dehors afin de laisser ses doigts glisser sur la peau féminine, souillée des efforts et de la peine que son corps avait dû subir quelques instants plus tôt. Certes, l'idée d'un membre supplémentaire dans sa famille et tout ce qui s'ensuivrait parvenait à le perturber, mais il n'en restait pas moins fier de savoir sa descendance assurée et que celle-ci l'est été par sa ravissante fiancée… Laquelle était visiblement satisfaite de la mise au monde ?
Je suis navré de ma réaction, j'ai dû vois décevoir..
Sans une once d'interrogation dans sa question, il se redressa afin de s'approcher du berceau, une boule à la gorge le prenant. Ses yeux plissés, il inspecta son contenu avant d'observer plus réellement son fils.. Déglutissant, il avança avec peine ses mains pour le toucher, un frisson le traversant lorsque l'épiderme de l'enfant fut sous ses doigts. Était-il beau ? Sans doute, le contraire eut été surprenant !
Il est magnifique, vous pouvez être fière de vous..
Prenant son courage à deux mains, il se saisit de l'enfançon pour le mener dans ses bras, son échine traversée de réguliers spasmes.. Fallait-il être humain et agir en bon père ? Sans doute.. Mais l'épreuve se révélait plus ardue encore que dans son imagination... | |
| | | nebisa Comtesse
Nombre de messages : 1429 Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Sam 29 Jan - 22:38 | |
| Elle avait décidé, après avoir accepté de devenir sa femme, que jamais elle ne lui ferait de reproche pour être ce qu'elle savait qu'il était... Et elle avait bien compris qu'il ne voulait pas de cet enfant, sans en faire la moindre remarque au fil des mois, tandis que son ventre s'arrondissait et qu'il fuyait sa compagnie autant que sa couche... Elle avait, bien sur, espéré un regain d'intérêt qui suivrait l'arrivée de l'enfant, mais même maintenant... elle ne voyait que trop qu'il se forçait, ce qui était tout à son honneur puisqu'il voulait surement la ménager...
Pour tout cela, elle se force en sourire, hochant la tête tandis que ses femmes viennent la baigner et l'aider à changer de chemise avant de répondre...
Je ne suis pas... déçue, il serait idiot de l'être... Vous m'avez fait un fils en bonne santé, vigoureux et bien portant, je ne peux que m'en estimer chanceuse...
Une fois changée et tandis qu'on lui brosse les cheveux, elle se laisse retomber contre les oreillers tout frais et soupire tandis que le personnel se retire...
C'est juste que... je peine à comprendre... si encore vous doutiez qu'il fusse de vous... mais ce n'est même pas cela, sans quoi vous l'auriez dit... et ... quand vous êtes si indifférent et distant, je ne peux que songer, qu'un jour, ce sera mon tour de vous laisser si froid, chose que je ne saurais accepter avant dix ou douze ans... Ne cherchez pas à agir comme je voudrais que vous agissiez, vous finiriez par m'en haïr, mais... soyez honnête et franc, dites moi les choses pour que je puisse comprendre... la seule chose que je ne puisse admettre, c'est le mensonge...
Amusée de le voir si tendu alors qu'il tient son fils dans les bras, si visiblement à la torture, sans l'idée qu'il finisse par le laisser tomber, elle aurait volontiers prolonger la situation, mais, au lieux de cela, elle lui indique de le reposer.
Posez le, un nouveau né a besoin de sommeil pour prendre des forces et laisser sa mère en récupérer... Et vous pourriez venir prés de moi, maintenant que je suis dans un était plus... convenable et moins repoussant ?
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| | | Cerberos
Nombre de messages : 24 Date d'inscription : 12/12/2010
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Lun 7 Fév - 22:56 | |
| Visiblement, la scène de théâtre n'eut aucun effet sur l'auditoire, le jeu aussitôt percé à jour… Et cela l'agaçait d'autant plus que sa fiancée voyait clair en lui ; comment parviendrait-il à la réconforter durant les jours sombres, s'il ne parvenait pas à devenir assez convaincant pour atténuer le mal qui l'habiterait à l'avenir ? Lui qui avait toujours pris soin de s'enfermer en lui-même dans le seul but de ne jamais être découvert, de garder une voie de secours en cas de danger. La Marquise lisait en lui comme dans un livre, mais sans le besoin de tourner ses pages. Sot comme il était, il n'avait pas dû entrevoir le risque de se dévoiler autant à ses yeux, sans couverture ni protection… Déglutissant, l'invitation à poser l'enfant fut sans doute un soulagement considérable. Le Vicomte ne s'attarda que peu, encore trop dans l'idée de vouloir lui faire croire ou penser que… L'enfançon dans le berceau, il ne se retourna pas aussitôt. Ses mains serrant la bordure du petit habitacle, il réfléchissait furieusement ; si elle désirait comprendre, il pourrait sans mal l'informer de ce qu'elle devait savoir. De ce qu'il lui faudrait savoir.. Mais cela reviendrait à s'exposer complètement et de brûler tout le personnage qu'i s'était lui-même fabriqué sur mesure pour subsister à l'abri de.. Ses peurs ? Ses fantômes du passé ? Le retour en arrière ne serait plus possible ; elle pourrait le détester, le haïr. S'en désintéresser finalement en voyant qu'elle aimait une facette, un rideau, une image fictive conçue pour parer les menaces. Dans le fond.. N'était-il pas une tromperie à lui seul ?
Ma Dame..
Une décision à prendre, le temps manquait. Il faudrait opter vite pour l'une ou l'autre alternative, et ne plus jamais y revenir… Ses dents effleurèrent ses lèvres qu'il pressa durement, pour en sentir la douleur, subir une souffrance qui lui rappelait l'urgence de la situation.
Si vous devez savoir sur moi des vérités indispensables.. Je puis vous en conter quelques-une..
Un pas vers la porte. Sa main s'abattit sur la poignet qu'il ferma séance tenante, verrouillant à double tour l'entrée.. Mieux valait trop de dispositions, plutôt que pas assez après tout. Le passage de sa vie qu'il s'apprêtait à raconter n'était pas reluisant et il ne tenait pas à ce qu'il circule librement dans les ragots du Limousin… Après tout, la propagation des histoires mal-fondées connaissaient des expansions vertigineuses !
Je n'ai probablement pas été des plus honnêtes avec vous.. Mon passé vous a toujours été soigneusement caché, comme à tous d'ailleurs… Et vous dois des explications honnêtes afin que vous puissiez décréter, ou le faire partiellement tout du moins, connaître celui à qui vous avez promis votre main..
Posant séant sur le bord du lit, il déposa sa main au creux de la sienne, et entama la courte histoire de sa famille.
Ma famille, les d'Armantia, sont originaire de la Province de Champagne… Duché autrefois florissant, dont la puissance parvenait à faire trembler nombre de ses voisins et de soutenir à lui seul le Domaine Royal… Ses membres étaient de riches bourgeois, devenus aussi puissants qu'influents suite à des faits dont je ne sais exactement l'honnêteté exacte.
Un beau jour, le partage de l'héritage de mes ancêtres a été mis sur la table… Bien évidemment, la somme étant difficilement négligeable et mes parents, proches ou non, étant avides au point de vouloir toujours plus.. Ont décidés de s'accaparer le "butin" désiré comme des pilleurs autour d'un coffre. Malheureusement.. À bon entendeur, il était évident que le partage ne devait pas se passer facilement. Nombreux ont été les membres à disparaitre mystérieusement, à se faire assassiner au coin d'une ruelle ou à être déclaré suicidé… Il en reste que jeune, il m'a fallut vivre au milieu d'intrigues, de menaces constantes et de gens dont la seule préoccupation se vouait à leur bourse.
Se mordillant la lèvre, il préférait abréger au plus vite. Après tout, les détails n'étaient pas nécessaires et l'histoire aurait été beaucoup trop longue à conter.. Maintenon étant fatiguée de son accouchement, mieux valait emprunter le plus de raccourcis possible.
J'ai haïs chacun des membres de ma famille et me suis juré de ne jamais finir comme eux l'ont été.. Je possède pour paraître, j'obtiens pour surpasser, j'étale pour briller… Et incessamment, m'imaginer l'aspect pitoyable que ces.. Ont pu avoir à coté de ce qui m'appartient aujourd'hui. J'ai acquis de moi-même et non de mon voisin ou de mon ancêtre.. J'exècre les mauvaises manières et la discourtoisie comme a pu en user ma famille pour rabaisser le voisin un peu plus chaque jour.. Lien familial et intimité signifie pour moi danger, nid à problèmes, traitrises et conflits..
Sa voix s'éteignait à mesure de l'arrivée de la fin.. La Belle saurait peut-être entrevoir les efforts qu'il faisait là.. Au mieux, elle apprécierait, au pire, elle le rejetterait. Dans le fond, l'un et l'autre était préférable à une coexistence vouée à l'échec..
La distance dont vous m'accusez, les reproches dont vous m'accablez ne sont qu'une sécurité entre nous, destinés à nous protéger mutuellement.. | |
| | | nebisa Comtesse
Nombre de messages : 1429 Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Re: Poussez, Ma Dame, poussez... Ven 11 Fév - 13:19 | |
| Elle avait écouté son fiancé en silence, commençant à comprendre qu'il était, lui aussi, en proie à une lutte ancienne et oppressante... Pour autant, elle n'entendait rien, là, qui ne tende à la faire fuir... Sa main dans la sienne, elle l'écoute en silence, ne l'interrompant pas, se contentant de serrer sa main...
Finalement, alors qu'il se tait, elle s'avance, se penche vers lui pour venir frôler ses lèvres avant de retomber contre ses oreillers, ce simple mouvement lui coutant tant elle se sent douloureusement lasse, malgré tout, il lui importe de combattre encore un peu sa fatigue pour lui répondre...Mon cher Vicomte... chaque famille... a ses zones d'ombre, nous héritons tous, d'un passé qui n'est pas de notre fait et ne conditionne en rien notre devenir... Avez vous déjà entendu parler de mon frère ? Rassaln d'Arduilet... Comte de Meymac et autres terres, Pair de France, maintes fois Grand Officier, Héraut et autre... un des meilleurs hommes qu'il m'ait été de connaitre en cette existence... Le jour ou j'appris qu'il était mon frère fut le plus beau de ma vie...
Nous nous connaissions depuis déjà des années, quand il mit la main sur des carnets de la main de Deinal, son père ou... il évoquait la disparition de sa bâtarde, alors qu'il venait l'enlever à sa mére pour l'enfermer au couvent, on elle devrait expier par ses prières la faute de son existence... j'étais la dites bâtarde... Aloïs d'Arduilet, mon nom de naissance... Deinal ne voulait pas que sa femme, la mère de Rassaln, soit informé de son infidélité...
Je n'ai jamais su s'il avait une liaison avec ma mère ou les circonstances de ma naissance... Je sais juste que, ce jour là, ma mère s'enfuit avec moi... Son nom, notre destination... tout cela je l'ignore... et je crois que je l'ignorerais à jamais.
Par contre, quelques années plus tard, mon frère, que Deinal avait abandonné aux mains d'un écuyer pour qu'il l'élève, et ne comptant surement, le récupérer que s'il estimait son héritier à la hauteur de ses attentes... croisa, par hasard, le chemin de ses parents, sur une route de campagne... Je ne sais comment se passa la révélation de leur lien de famille mais... Rassaln m'a confié que... lorsqu'il apprit ne pas être le fils de celui qui l'avait élevé, à la vue de ses géniteurs et à entendre leur... discours... la seule réaction qu'il eut fut de sortir son épée et de les occire sur le bord de la route...
Rassaln a tué ses parents, je ne sais pas s'il en éprouva jamais le moindre remord, mais il repris son nom et le fit resplendir dans tous le Royaume... Regardez, c'est notre arbre généalogique... il date un peu, c'est mon frére qui l'a réalisé... J'en ai hérité après sa mort...Une autre fois, je vous parlerai de mon cousin, Nico de Brassac, le Comte de Turenne, Pair et moult fois Grand Officier également... lui aussi eut maille à partir avec son passé familial...
Toujours est il que... l'enfant qui dort là bas n'est pas une menace, c'est une promesse d'avenir... Et que la famille peut être aussi un refuge, un abris... une force... C'est ainsi que je vois les choses, sans quoi, je ne vois pas l'utilité d'une union, j'ai déjà la solitude et tous les combats que je désire, toutes les trahisons possibles dans mon quotidien...
Je ne veux pas avoir à me protéger de celui que je décide, librement et sans contrainte, d'épouser...Lasse, elle s'interrompt pour retenir un gémissement face à ultime crispation dans ses entrailles... les joies de l'enfantement étant sans fin... | |
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