Quand le chat n’est pas là les souris dansent…

[Chambre d’Elisa]

Non pas que le chat était parti bien loin… Mais assez en tout cas pour que les souris arrivent à trouver quelques stratagèmes et autres idées farfelues qui leur vaudraient des mois de couvent si elles se faisaient attraper… Mais la punition ne leur faisait pas peur… En tout cas, Elisa, elle n’avait pas peur. Pourtant le chat n’était pas forcement parti, mais il se faisait bien rare.

Et la jeune Malemort-Lahaye trouvait le temps tellement long à Ségur. Ses frères et sœurs semblaient tous occupés par leurs activités propres. Les journées passaient comme des années et même au couvent il était plus facile de s’amuser.
Ainsi la Malemort décida qu’elle avait assez passé de temps à s’ennuyer, qu’il était temps d’agir.

Ni une ni deux, elle enfila un petit gilet qui saurait la protéger du froid… Non pas que le lieu où elle espérait aller était glacial… mais assez pour attraper une goutte au nez et un mal de gorge bien prononcé. Elle ferma donc son gilet, brossant rapidement ses cheveux, la jeune fille prit ensuite la direction de la porte de sa chambre…

Elisa se faufila dans l’aile privée du Château. Passant une bonne dizaine de portes, marchant sur la pointe des pieds afin de ne gêner personne et surtout de ne pas se faire remarquer.
Elle passa alors devant la porte qui mènerait à la cour intérieure du château. La Malemort crut alors entendre des voix qui provenaient de l’intérieur de l’atrium, peut-être sa mère recevait-elle du monde… Elisa décida de continuer sa route tout doucement vers le Corps du Logis. Pour enfin se stopper devant La porte qu’elle espérait depuis de longues heures…

Tournant tout doucement la poignée, Elisa poussa en même temps la porte… Celle-ci grinça… au premier abord on aurait pu l’expliquer par une dernière utilisation lointaine… mais en faite le bruit était plutôt dû à l’utilisation trop répétée de cette pauvre porte… Elle s’engouffra dans la descente des escaliers tout en prenant soins de tirer la porte derrière elle.

[Les Caves]

Elisa descendit les marches aussi furtivement qu’elle le pouvait depuis qu’elle était sortie de sa chambre, quelques instant plus tôt. Arrivant enfin en bas, elle sentie la différence de température, finalement se petit gilet n’était vraiment pas de trop. La Malemort attrapa l’une des lampes déjà allumées à la descente des escaliers… Elle s’avança un peu plus dans cette immense cave… Laissant derrière elle seulement le crépitement des ses pas contre le sol terreux…

[Quand je serais grande je serais alcoolique...]

La damoiselle s’enfonça un peu plus dans l’immense cave de sa mère. Etonnamment c’était la première fois qu’elle mettait les pieds dans cette partie du domaine. Sa mère lui avait plusieurs fois dit que la cave lui était exclusivement réservée…
Mais Elisa devenait trop curieuse... à force de voir sa mère dans un état… calme après avoir bu ses différentes liqueurs… Il était donc temps qu’elle aussi y goûte.

Elle s’avança encore un peu, jusqu’à apercevoir une table au centre de plusieurs dizaines de fûts. Elle alluma la bougie, qui était posée là, avec sa lampe. Regardant sur la table plusieurs fioles étaient déjà posées. La Malemort approcha son minois de chacune d’elle, afin d’approcher son fin museau près de l’ouverture…

D’abord la première fiole… Une intense et forte odeur vint lui brûler tout son être…
La seconde fiole, même sensation un peu moins violente…
Troisième fiole, les odeurs semblaient les mêmes, plus aucune différence… Hormis la tête de la jeune fille qui commence déjà à tourner.

La Malemort décida de se poser sur la chaise tirer contre le bureau. Elle rapprocha la troisième fiole d’elle… Et d’un coup de coude, elle but toute la liqueur qui était contenue dans le flacon. Sa main heurta la table, le flacon tomba sur celle-ci, alors que la deuxième main d’Elisa vint se porter sur sa poitrine qui semblait partir comme de la paille dans un feu…

La bouche légèrement entre ouverte, elle n’arrivait pas à crier… Ses joues devenaient rouges, sa gorge brûlée… tout comme sa poitrine….
L’effet se dissipa enfin après quelques secondes… Le gilet qu’Elisa portait vint finir sa course sur le sol de la cave… alors que la demoiselle attrapait déjà la deuxième fiole…

Nombre de messages : 270 Date d'inscription : 31/07/2009

Cela faisait à présent plusieurs jours qu'il était devenu juge... Ouais, faut dire que dans les conneries à faire le jeune Hannibal en connaissait un rayon, mais là on lui avait confié un gros marteau qui faisait un bruit sourd quand il jugeait des affaires, merveilleux.

Enfin bref potasser les textes de lois et autres registres de prison dans son grand bureau, dans son grand fauteuil ça lui donnait grande soif et ça dans un grand verre. Ses réserves "portatives" étaient épuisées depuis pas mal de temps et celles qui étaient prévue pour la réception des invités s'étaient évaporées comme par enchantement....
Il ne lui restait qu'une seule solution, retourner à la source ! Et la source il la connaissait très bien. Au plus profond de la plus profonde des caves de Ségur celles dont normalement personne ne s'y rendait car pas utilisé, Hannibal avait installé une distillerie clandestine où il faisait bruler un nombre incalculable de mélanges de fruits, de légumes, de plantes et de vins.
Le résultat n'était pas toujours à la hauteur de ses espérances, il a vite compris que par exemple la laitue en encens était beaucoup plus efficace qu'en alcool.... La seule chose qu'il s'était promis.... ne pas toucher aux Pruniers de la Matriarche Malemort, à coup sur elle s'en rendrait compte rapido.
Aujourd'hui, le jeune tempétueux avait décider de remonter un tonnelet d'alcool de mures bien à son gout qu'il avait préparé en octobre et qui devait être à point pour une dégustation d'exception.... pas plus de deux litres par soirs, promis...

Il n'avait pas le choix pour aller dans son lieu d'expérimentation, il devait passer par les caves plus fréquentées et il fut surpris d'y voir de la lumière. S'approchant à pas de loup il chercha à voir qui rodait entre les futs... Nebisa avec un amant ? non elle avait pleins de chambre pour ça ? Aliénaure après un chagrin d'amour ? Impossible elle n'était pas de retour, Le vieux pervers des cuisines ? Non plus, il devait être occupé à courir la pucelle au village à cette heure.
Choqué, déstabilisé par cette étrange vision, sa sœur, Elisa ! En train de s'enfiler de la gnole à pleines gorgées.... Le spectacle en était affligeant par la jeune fille si bien élevée qu'elle était.

Eh ! C'est quoi ces manières ? Que fait tu l'as ?..... Tu as des verres sur l'étagère derrière toi...

Hannibal s'approcha d'Elisa en l'enveloppant de suite de son gilet pour pas se faire surprendre par le froid de la cave.

La damoiselle était entrain d’attraper la deuxième fiole posait juste devant-elle, l’apportant à sa bouche quand elle entendit quelques bruits à côté d’elle… Juste le temps de la retirer de sa bouche… mais elle venait d’être surprise… Nul besoin de trouver des excuses…
La jeune Malemort le regardait, son petit frère qui venait de la surprendre… Elle n’osait trop rien dire. Elle se contenta de le regarder.

Il s’approcha alors d’elle, attrapant son gilet au sol et lui posant sur les épaules. Elisa releva la tête pour le regarder dans les yeux.

Il fait plutôt chaud ici…

Se tournant pour observer les verres posaient sur une étagère, Elisa sourit.

Ah oui… Je n’avais pas remarqué…

Les autres questions ne méritaient aucune réponse… Elle décida donc de les éviter… Quand elle se demanda alors ce que lui faisait là ! Après tout, elle était tout de même plus âgée que lui… Que venait-il faire ici ?

Et toi que fais-tu là ? Tu n’as pas du travail au château ? Et ce lieu n’est pas approprié pour un jeune homme de ton âge.

La conversation venait de changer… Elisa préférait largement cela, elle n’avait pas prévu de se faire prendre entrain de boire les liqueurs de sa mère. Aucun argument pour se défendre face au Juge… hormis qu’elle s’ennuyait seule dans sa chambre, comme toujours en Limousin.

La Lahaye l’observait… attendant une réponse de son jeune (pas beaucoup plus jeune qu’elle s’est vrai) frère.

Nombre de messages : 270 Date d'inscription : 31/07/2009

Il prit place à côté de la pauvre enfant enivrée, un regard protecteur sur le visage.

Tu sais.... Pour un jeune garçon comme moi, en effet, ce n'est pas le lieu de logique promenade mais j'y suis bien plus souvent qu'il ne le faudrait.

C'est l'un des rares endroits dans le château où on peut être un peu tranquille. C'est peut être cela que tu cherchais, un peu de tranquillité... Tu veux peu être que je te laisse ?

Il n'attendait pas de réponse à cette question... Se retrouver ici était déjà une marque de solitude désirée.
Il passa un bras autour de ses frêles épaules et appuya sa tête contre la sienne...

Que t'arrive t-il petite sœur ? Expliques moi ?

Elle le regardait... Il s'assit à côté de lui. Finalement, à les voir tous les deux on inverserait les rôles. Il était toujours là pour la consoler quand ça n'allait pas.
Pour la mort de Barahir, ses bras l’avaient réconforté autant qu'il était possible de le faire devant un cœur déchiré.
Aujourd'hui il était là, il semblait lire comme dans un livre ouvert... Et pourtant Elisa avait toujours eut du mal à se confier aux autres. Elle était de nature timide, silencieuse… depuis toujours. La jeune fille avait toujours eut du mal à se mêler à ses frères et sœurs quand ils étaient tous réunis dans les réunions de famille.
Et aujourd’hui, la jeune Elisa se sentait seule… Seule dans cette chambre, seule dans ce grand château, alors que l’une de ses sœurs n’était plus là, qu’une autre préféré désormais le monastère, qu’un de ses frères jouait le politicien… Un autre dont elle n’avait pas de nouvelle depuis son retour au Château, et sa mère qui semblait ne s’être toujours pas remit du trépas de Bara.

La Lahaye reprit ses esprits, elle attrapa la main de son frère qui traînait sur ses épaules. ¨Puis dans un soupire.

Je meurs d’ennuie ici. Vous êtes tous trop occupés avec vos activités respectives. Et puis maman m’a toujours interdit de venir ici... Alors je voulais voir ce qu’il y avait de si extraordinaire… Et finalement… à par ces fioles qui m’ont donnés très chaud… Et mal à la tête, il n’y a rien de particulier.

Elisa vit alors la dernière fiole… Celle qui lui semblait la plus forte. Elle regarda ensuite son frère.

Tu veux qu’on partage ? Celle-ci semble être la plus forte, mais je ne sais pas ce qu’il y a dedans.

Nombre de messages : 270 Date d'inscription : 31/07/2009

Un moment seul avec sa sœur.... c'était si rare ici, à Ségur... Bien que la situation fut un peu surprenante il profita de cet instant pleinement.

Oh, il n'y a presque rien d'extraordinaire dans les caves à part un magnifique bouquet des grands vins de France et d'ailleurs et divers liqueurs toutes plus fortes les unes que les autres. Et aussi....

La dernière fiole.... oui ça c'était une bonne idée. Nous allons partager, dans deux verres il en mis une grande rasade pour lui et une toute petite pour elle. Elle avait bien assez abusé aujourd'hui, déjà le lendemain allait être fort peu agréable vu les vapeurs dans ses yeux.

Tu sais mon petit ange, tu pourrais t'occuper toi aussi, il y a énormément de chose à faire pour le comté si tu t'ennuie. Les ambassades, les archives, les animations... d'ailleurs ils vont avoir besoin de beaucoup de monde, de grandes festivités s'annoncent en Limousin.

Un regard tendre et rassurant envers peut être la plus fragile de ses soeurs.

Tu sais bien que je trouverai toujours un peu de temps pour toi, depuis le départ de Barahir je suis un peu l'Homme de la maison. Je ne cherche pas à prendre le rôle du père mais je serai toujours là pour t'écouter et pour te donner conseil en toutes circonstances même les moments les plus pénibles.

Il avala son verre d'une traite, sans mot dire, sans broncher... comme si c'était de l'eau pour lui.

Elisa l’écoutait et l’observait. Elle s’aperçut alors qu’il venait de vider la petite fiole… Et pas du tout à part égale… Ses sourcils se froncèrent a la vue de son verre au trois quart vide… La Lahaye le regarda droit dans les yeux… ; ses yeux qui semblaient se fermer tout seul…

Oui mais je n’ai pas envie de travailler pour le Comté pour l’instant. J’ai envie de connaître du monde mais sans obligation. Je ne veux pas être obligée à rester dans le Comté si j’ai envie de voyager. Et pour l’instant j’ai très envie de voyager.

Alors qu’il parlait, Elisa attrapa son verre bien trop vide à son gout et le vida d’une traite. Une nouvelle grimace traversa son visage, alors que sa gorge prenait à nouveau feu.

Je crois que j’ai assez but pour quelques jours. J’ai la tête qui tourne… Je crois que je ferais mieux d’aller faire un tour dans les jardins pour trouver un peu d’air frais pour me remettre l’esprit en place avant que maman n’arrive et me voit comme ça.

La jeune fille avait préféré éviter de reprendre les propos sur Bara. Depuis son trépas elle n’aimait pas beaucoup parler de lui. La douleur était encore trop vive et elle ne savait toujours pas mettre de mot sur ce mal. D’un côté elle lui en voulait d’avoir risqué sa vie et d’un autre côté il lui manquait terriblement. Elle se rappelait encore comme si c’était hier la fois où elle avait voyagé jusqu’en Alençon pour le voir. Et il lui avait offert des vêtements… des vêtements dont-elle rêvait depuis de longues années.
Depuis on lui avait proposé plusieurs fois de rejoindre l’Alençon, mais elle n’avait pas encore eut le courage de faire le pas, de retourner là bas…
Reprenant ses esprits, elle regarda son frère.

Veux-tu rester ici ? Sinon tu sais me rejoindre jusqu’aux jardins.

La demoiselle se leva, perdant légèrement l’équilibre. Elle reprit alors le dessus et poussa sa chaise.

Nombre de messages : 270 Date d'inscription : 31/07/2009

Sa jeune soeur qui ne tenait pas en place à Ségur et dans ses caves ou bien sa distillerie secrète à une trentaine de mètres plus bas dans les caves.... Le choix aurait pu être difficile pour le garçon... en ce moment, peu de chose à faire au tribunal, avec l'ennui, les mauvais souvenirs, le manque... l'alcool et ici il pourrait faire le plein pour au moins une semaine.

Il la vit chanceler en se relevant, son instinct protecteur et fraternel bien plus fort que tout le fit se relever.

Je viens avec toi petit ange embrumé par les vapeurs de l'alcool, je n'ai pas envie que les jardiniers te retrouvent endormie dans les buis des plates bandes.

Il lui tendit alors un bras sécuritaire afin que l'ascension des innombrables marches qui menaient à la cave ne soit pas un calvaire.

Debout devant son frère, il décida de se lever et la rejoindre. Bras tendus, Elisa l'attrapa afin de paraitre légèrement moins amochée. Elle le regarda droit dans les yeux et lui sourit.

Allons-y, l'air frais me fera du bien. En espérant que nous ne croiserons pas maman sinon je suis bonne pour le couvent moi aussi.

Le couvent ? Quoi que pour le temps où Elisa a pu y rester, celui-ci est parfois beaucoup plus animé que Ségur... Mais peut-être que cela allait changer...
Ainsi, Elisa monta les escaliers accompagnés par son frère... Et ils continuèrent leur route vers les jardins du domaine.

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